Barque #4 les lattes

Contrairement aux 3 précédents, ce billet de blog contient plus de réflexions et descriptions techniques que de photos de réalisation. On reviendra à une proportion texte/photographies plus agréable dans le prochain billet.

La forme du bateau sera celle du Picou fabriquée par RenaudA3b, documentée sur l'air du Bois. Les bordées et le fond sont en contreplaqué. Les plans de découpe sont fournis.

Plutôt que d'utiliser des plaques de contreplaqué, j'ai opté pour la construction en lattes. Si je dressais un tableau avantages/inconvénients de chaque méthode, la conclusion serait probablement pour le contreplaqué.

Mon choix a été motivé par:

  • Le prix des plaques de contreplaqué qualité marine ou à minima résistantes à l'eau est dissuasif. Si je me foire (ce qui est probable) sur une plaque, ça va m'énerver, voire me décourager définitivement et m'appauvrir, alors que si je casse une latte, ça va juste m'énerver et moins m'appauvrir.
  • Ce sera galère de s'en procurer dans des grandes dimensions (pas vendu en GSDB et ma voiture est une CLIO3).
  • Peut être qu'avec des lattes le bateau aura plus de cachet, sera plus artisanal. Spoiler: Après le résinage et la peinture, je pense qu'on ne verra plus le bois sur l'extérieur du bateau.
  • La précision que ça demande, et l'absence de droit à l'erreur: Il faut préparer les deux bordées et le fond et espérer que tout s'ajuste bien. Alors qu'avec des lattes, il y a moyen de mettre des coups de rabot et de réajuster au fur et à mesure.

Je savais cependant que je passais à coté de gros avantages:

  • Le temps de réalisation divisé par 10 voire plus.
  • La problématique de l'étanchéité bien simplifiée contrairement à l'étanchéité entre chaque latte.

Mon choix est arrêté, pas de contreplaqué. Il reste encore à choisir le bois et sa forme. Planches de coffrage que je raboterai à la machine? bois plus noble? Comment j'assure l'étanchéité entre les planches?.

Aparté: Le calfatage ou le bordé latté.

Calfater une barque, c'est insérer une cordelette éventuellement imprégnée de goudron entre les planches. Cet outil est utilisé pour pousser la cordelette entre les planches [1]:

Une alternative pour ne pas avoir à calfater est la méthode du bordé latté. Non, ce n'est pas le nom d'un café. Vous en trouverez une bonne description sur le site de la revue Chasse maree.

Le bordé latté façon Gnieark

Pour les essais, j’achète du plancher, à base de pin noueux. C'est facile à trouver en grande surface de bricolage. L'épaisseur (env 1cm) est cohérente avec les dimensions de la barque. Le prix est intéressant. Ça revient moins cher au mètre carré que des planches brutes. Ils sont toujours approvisionnés de ce produit, si jamais il m'en faudrait plus.

Je coupe les rainures languettes pré-usinées des lattes de plancher, parce que leur forme n'irait pas sur une barque. Dans un premier temps j'essaie de trouver une technique pour les usiner en leur donnant ce profil:

C'est ce profil qui aurait le mieux facilité le plaquage/collage des lattes les unes au dessus des autres de façon très serrée malgré la la courbure de la barque.

L'usinage à la toupie n'est pas possible. Je ne dispose pas de fers de toupie demi rond mâle et femelle diamètre env 1cm. Dans le commerce, on n'en trouve plus des compatibles avec mon porte fers Lurem anciennes générations. Il aurait fallu racheter un porte fer de toupie complet (prix de départ 300€ ).

Le porte outil de toupie et la collection de fers:

Je fais donc quelques essais avec la défonceuse. Ce n'est pas concluant, pas assez précis. L'épaisseur de seulement 1cm des lattes non corroyées n'aide pas.

Le faire à la main? j'y passerai trop de temps pour une précision moyenne.

Je me résigne à faire un profil rainure languette:

Pour ça, je possède les fers mâles et femelle pour tout faire à la toupie. Quoique, Le couple de fers rainures/languettes le plus fin dont je dispose fait une languette d'épaisseur 6mm. Sur les planches de 10 mm c'est très juste il ne reste pas beaucoup de matière en dessous et au dessus, ça va être fragile et galère d'insérer la languette dans la rainure en courbe. Tant pis, je teste comme ça. On tente!

Une fois les premières lattes usinées, je tente de les placer à blanc, en jouant sur leur flexibilité. Le test est effectué à l'endroit le plus courbé, en bas, contre l'étrave. Je resserre progressivement les pinces de serrages...

La latte a cassé. Je ne pourrai pas les placer en force. il faut que je me penche sur les méthodes de cintrage du bois.

Je vous propose qu'on voit ça dans le billet suivant.

Note

[1] photographie "empruntée" sur le site A l'abordage

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